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Plusieurs pays industrialisés ont procédé depuis le début des années 1990 à des modifications importantes dans l'organisation et la gestion de leurs services publics. Parmi les tendances générales, notons :
Ces changements ont eu un effet très important dans les ministères ainsi que modifié profondément les modes
de prestation de services et l'environnement de travail auquel les employés étaient habitués. Occupés principalement à répondre aux
grands objectifs gouvernementaux de réduction des dépenses et du déficit, les gestionnaires ont accordé toute leur attention et fait
porter leurs efforts à gérer la décroissance et à atteindre les objectifs budgétaires fixés. Au bout du compte, ce ne sont pas
seulement les modes de prestation de services qui ont été renouvelés mais aussi les milieux de travail.
La coexistence du français et de l'anglais a une très longue histoire au Canada. Les deux langues officielles ont servi à tisser le lien fédérateur du Canada et à modeler son identité. L'Acte de l'Amérique du Nord britannique, créant le Canada, autorise dès 1867 l'emploi du français et de l'anglais dans les débats du Parlement et de la Législature du Québec ainsi que dans les procédures devant les tribunaux fédéraux et québécois. Par la suite, les différentes lois linguistiques ont précisé et élargi ces droits aujourd'hui reconnus dans la Charte canadienne des droits et libertés, qui fait partie de la Loi constitutionnelle de 1982, et dans la Loi sur les langues officielles. Le français et l'anglais sont les langues officielles du Canada. Les deux langues ont un statut, des droits et des privilèges égaux au sein des institutions du Parlement et du gouvernement du Canada. Conformément à la Loi sur les langues officielles, le public a le droit d'être servi dans la langue officielle de son choix et les employés ont le droit de travailler en français ou en anglais. La Loi contient aussi deux engagements, celui de la participation équitable des deux communautés de langue officielle au sein des effectifs des institutions qui y sont assujetties ainsi que l'engagement du gouvernement de favoriser l'épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire, l'appui à leur développement et la pleine reconnaissance de l'usage du français et de l'anglais dans la société canadienne. La mise en oeuvre de la Loi est une responsabilité fédérale dont le gouvernement doit rendre compte.
La dualité linguistique constitue un élément fondamental de la fédération canadienne. Le gouvernement
fédéral ne peut se soustraire à sa responsabilité de promouvoir la dualité linguistique du Canada, une obligation découlant de la
Constitution et de la Loi sur les langues officielles. Le discours du Trône de 1994 a reconnu ce rôle en réitérant l'engagement du
gouvernement à l'égard de la dualité linguistique, faisant valoir que notre « patrimoine culturel et nos deux langues officielles
constituent l'essence même de notre identité nationale et contribuent à notre enrichissement social et économique ».
La situation des communautés de langue officielle en situation minoritaire est inégale : elle diffère selon les régions et à l'intérieur même d'une région. Certaines communautés, tant anglophones au Québec que francophones hors Québec, ont de fortes concentrations régionales. Elles se sont données au fil des ans des outils de développement remarquables et des institutions dynamiques des points de vue social, culturel et économique. D'autres communautés sont plus vulnérables, en raison, entre autres, de leur faible poids démographique et de leur dispersion géographique; ces communautés n'ont pas réussi à se doter d'institutions capables d'assurer leur survie, encore moins de leur permettre de se développer de façon satisfaisante.
Finalement, en plus de ces difficultés, les communautés francophones hors Québec vivent un problème d'assimilation très important. Il est important de noter que le contexte de la communauté anglophone du Québec est quelque peu différent, puisque le pourcentage des Québecois qui parlent l'anglais à la maison est plus élevé que le pourcentage de la population ayant déclaré l'anglais comme langue maternelle. Dans une certaine mesure, cela reflète la consolidation de la majeure partie de la communauté anglophone dans les régions métropolitaines de Montréal et de Hull et autour de celles-ci. Les communautés anglophones du Québec se retrouvent aussi au nord et à l'est de ces centres et elles ont souvent des préoccupations semblables à celles des communautés francophones hors Québec.
Le tableau à la page suivante présente la répartition des francophones de l'extérieur du Québec selon les provinces et territoires ainsi que celle des anglophones du Québec. Il permet de mieux illustrer, par le moyen de statistiques, la réalité asymétrique que nous venons de décrire.
Les données ci-dessous révèlent qu'à l'extérieur du Québec, le français est une langue fortement
minoritaire. Certes, les francophones sont plus concentrés dans certaines régions et forment, dans quelques localités, la majorité
de la population. C'est ainsi que les francophones vivant en situation minoritaire constituent un pourcentage important de la
population de certaines communautés du Nouveau-Brunswick et de l'Ontario. Toutefois, les données indiquent que le français, comme
langue
d'usage à l'extérieur du Québec, est beaucoup moins important que le nombre de personnes dont le français est
la langue maternelle.
Les droits linguistiques des communautés diffèrent également selon les provinces où elles évoluent. Le Nouveau-Brunswick est officiellement bilingue. L'Ontario a sa Loi sur les services en français.
Au Québec, alors que la Loi 101 a comme souci premier la protection et la promotion de la langue française
dans la province, elle contient aussi certaines dispositions concernant la prestation de services en anglais. D'autres communautés
font face, dans les autres provinces, à des gouvernements provinciaux au mieux indifférents, au pire hostiles à leur
égard.
Quatre axes de réflexion sous-tendent l'approche du Groupe de travail.
Le premier a trait aux principes devant sous-tendre les transformations gouvernementales et garantissant explicitement les droits linguistiques des Canadiens et des Canadiennes.
Le deuxième axe de réflexion est l'appui requis que doit fournir le gouvernement fédéral aux communautés de langue officielle en situation minoritaire dans le contexte des transformations gouvernementales. Cet axe de réflexion n'a cessé d'être présent tout au long de notre travail. Il nous a permis d'insister sur l'importance de l'engagement du gouvernement à l'épanouissement et au développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire et la protection des droits linguistiques dans le contexte des transformations gouvernementales.
Un troisième axe de réflexion tient à l'objectif du service de qualité. Nous sommes d'avis que l'initiative menée par le gouvernement fédéral au chapitre des services de qualité doit également inclure le droit d'être servi dans les deux langues officielles.
Le quatrième axe de réflexion porte sur le besoin, pour le gouvernement, de trouver des moyens novateurs de
s'acquitter de ses obligations à l'égard des langues officielles et des communautés de langue officielle en situation
minoritaire.
Le gouvernement fédéral considère que les transformations gouvernementales sont un outil essentiel pour
redéfinir le rôle de l'État et la façon de l'exercer. Dans les cas où le gouvernement décide de s'acquitter de ses responsabilités
d'une manière différente, le régime en vigueur de droits linguistiques et d'appui aux communautés de langue officielle en situation
minoritaire doit continuer de s'appliquer intégralement. Par ailleurs, lorsque le gouvernement fédéral décide de transférer une
activité qu'il exerçait mais qui, de toute évidence, ne doit plus relever de ses fonctions, l'approche au régime linguistique à
mettre en place doit tenir compte des circonstances particulières de la situation. Dans de tels cas, il faut s'interroger
sérieusement sur l'effet négatif qu'une telle démarche peut avoir sur la dualité linguistique et voir comment cette perte peut être
compensée.
L'accent mis sur les transformations gouvernementales ne doit pas faire perdre de vue la responsabilité du
gouvernement fédéral d'assurer que toutes les institutions assujetties à la Loi sur les langues officielles en respectent les
obligations. Les ministères et organismes gouvernementaux jouissent d'une responsabilité déterminante dans la mise en oeuvre de la
Loi, en matière de service au public, de langue de travail et de participation équitable. Ils ont aussi, en vertu de l'article 42 de
la Loi, une responsabilité clé dans la mise en oeuvre de l'engagement du gouvernement fédéral à favoriser l'épanouissement des
communautés de langue officielle vivant en situation minoritaire, à appuyer leur développement et à promouvoir l'usage du français
et de l'anglais dans la société canadienne. La réitération de cet engagement se fait puissamment
attendre.
Trente ans après l'adoption de la première Loi sur les langues officielles, la population canadienne ne
devrait plus s'inquiéter de la disponibilité d'un service de qualité égale dans les deux langues officielles de la part des
institutions ayant l'obligation d'offrir de tels services. L'excellence du service doit indéniablement inclure l'offre de service
dans les deux langues officielles sans que le public n'ait à le demander. En 1995, le Secrétariat du Conseil du Trésor a publié une
série de guides sur les Services de qualité; le premier de ces guides, Tour d'horizon, contient une déclaration sur les principes de
la qualité de service. Outre les principes reconnus de rapidité, fiabilité, courtoisie et respect des droits individuels, les
services doivent aussi être conformes à la Loi sur les langues officielles. Sans un service offert activement dans l'une et l'autre
des deux langues officielles, là où il est indiqué de le faire, et de qualité égale, il n'y a pas de service de
qualité.
Le gouvernement fédéral doit trouver de nouvelles façons d'assumer pleinement ses responsabilités en ce qui a trait aux langues officielles, tant dans les transformations qui se sont produites que dans celles à venir. Il doit aussi faire preuve d'un grand dynamisme pour rehausser le profil des langues officielles au Canada. Cette obligation lui incombe. Dans le même ordre d'idées, le Groupe de travail estime que les transformations gouvernementales ne doivent pas être vues comme une menace à l'intégrité des droits linguistiques, mais plutôt comme une chance d'ancrer les langues officielles dans la culture des organisations qui se trouvent investies de nouvelles responsabilités à cet égard.