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Dans ce chapitre, nous étudions le niveau et la structure des coûts de fonctionnement et d'administration des fondations relativement à leurs décaissements et les comparons aux niveaux signalés par un certain nombre d'organismes gouvernementaux ayant des programmes semblables à ceux de certaines fondations.
Étant donné que le mandat, les activités et le financement des fondations varient d'une à l'autre, il n'est pas facile de comparer leurs coûts de fonctionnement et d'administration ni de tirer des conclusions sur leur efficacité relative par rapport aux coûts. Un examen des caractéristiques générales et de l'évolution de ces dépenses nous donne toutefois une certaine idée de leurs répercussions sur le coût total des fondations.
De façon générale, les coûts de fonctionnement et d'administration des fondations sont assez semblables entre le stade du démarrage et ce qu'on pourrait appeler leur stade de fonctionnement « stable ». D'après les renseignements sur les coûts de fonctionnement et d'administration figurant dans les états financiers annuels des fondations, au début, pendant un à deux ans, ces coûts représentent une forte proportion des dépenses totales des fondations, ce qui est naturel au stade du démarrage d'une organisation, pendant la période où elle recrute du personnel, s'installe dans des locaux et met sur pied ses systèmes et processus opérationnels. Ce stade passé, ces coûts baissent rapidement pour atteindre un niveau relativement stable au fur et à mesure que les projets sont sélectionnés et que les décaissements s'accélèrent.
Dans le cadre de cette évolution générale, l'importance relative des coûts de fonctionnement et d'administration varie considérablement en fonction de facteurs comme l'envergure des activités, la complexité des processus de sélection des projets et la mesure dans laquelle les fondations mènent des activités autres que la sélection, le financement et la surveillance de projets. Le tableau VI‑1 présente la part moyenne des dépenses totales des fondations représentée par les coûts de fonctionnement et d'administration, à l'exclusion des deux premières années de fonctionnement, et les raisons de l'importance relative de leurs coûts de fonctionnement. Cette moyenne est calculée sur des périodes allant de trois à sept ans, selon la date de constitution de la fondation.
Trois principaux facteurs influent sur l'ampleur et la structure des dépenses de fonctionnement des fondations. En voici une description :
Tableau VI-1
Importance relative des coûts de fonctionnement et d'administration des fondations
Fondation |
Coûts de fonctionnement en pourcentage du total des coûts1 |
Principaux facteurs influant sur les coûts de fonctionnement |
Décaissements annuels moyens |
|
Montant |
Nbre d'années |
|||
Fondation canadienne pour l'innovation |
3% |
|
270 $ |
7 |
Fondation canadienne des bourses d'études du millénaire |
4% |
|
296 $ |
5 |
Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère |
6% |
|
12 $ |
3 |
Fonds municipal vert |
7% |
|
68 $ |
4 |
Génome Canada |
8% |
|
79 $ |
4 |
Fondation autochtone de guérison |
11% |
|
58 $ |
5 |
Inforoute Santé du Canada |
24% |
|
64 $ |
3 |
Forum des fédérations |
29% |
|
3 $ |
3 |
Fondation Pierre-Elliott- Trudeau |
34% |
|
3 $ |
3 |
Technologies du développement durable Canada |
37% |
|
8 $ |
3 |
Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé |
41% |
|
8 $ |
7 |
Fonds de dotation pour le saumon du Pacifique |
51% |
|
0,9 $ |
3 |
1. Coûts de fonctionnement et d'administration moyens en pourcentage du total des dépenses depuis l'obtention de la subvention
conditionnelle, à l'exclusion de la période de démarrage (les deux premières années de fonctionnement pour les fins de nos calculs).
Source : Analyse des états financiers des fondations effectuée par KPMG.
Pour pouvoir approfondir la structure des coûts des fondations, nous avons obtenu de la direction des six fondations qui ont fait l'objet d'une étude de cas une ventilation des coûts de fonctionnement et d'administration des dernières années, sur une base confidentielle. Nous avons regroupé et examiné les renseignements pour cinq catégories de coûts, à savoir :
Toute comparaison des tendances affichées par ces coûts ventilés doit être assortie de réserves étant donné les différences considérables entre les six fondations en question sur les plans de la taille (dotation allant de 30 millions de dollars à 3,65 milliards de dollars), du secteur ciblé et du nombre et de l'envergure des projets financés. La part moyenne des dépenses de fonctionnement totales représentée par chacun de ces éléments de coût au cours des cinq dernières années et la fourchette sur laquelle ils s'étendent pour les six fondations sont présentées au tableau VI‑2.
Tableau VI-2
Structure générale des coûts de fonctionnement et d'administration des fondations étudiées
Catégories de coûts |
Pourcentage moyen du total des dépenses de fonctionnement1 |
Fourchette |
Gestion et activités des programmes |
46 % |
15% - 55% |
Gestion générale et coûts indirects | 41 % | 27% - 70% |
Gouvernance | 5 % | 2% - 9% |
Gestion des investissements | 6 % | 1% - 12% |
Amortissement des immobilisations | 2 % | 1% - 4% |
1. Simple moyenne de l'ensemble des coûts de chaque fondation sur les cinq années les plus récentes pour lesquelles on dispose de données financières.
Voici une description très générale des caractéristiques de ces ventilations des coûts :
En résumé, les six fondations étudiées fonctionnent avec des structures très simples axées sur des processus structurés et transparents d'examen et de sélection des projets et des systèmes de soutien pour le suivi des projets et la gestion financière. Leurs coûts de fonctionnement et d'administration reposent sur le besoin de gérer efficacement la charge de travail liée aux projets et de répondre aux exigences en matière de gouvernance et de reddition de comptes. Les niveaux de ressources et les coûts des fondations semblent étroitement liés aux projets financés, au point où les responsables de certaines évaluations ont recommandé une augmentation des niveaux de ressources afin d'assurer un meilleur contrôle du traitement et de la gestion du volume de travail lié aux projets.
On peut aussi aborder la question du coût relatif des fondations en comparant l'importance relative de leurs coûts de fonctionnement et d'administration à celle des coûts d'organismes et de programmes gouvernementaux semblables. Il nous est possible de faire des comparaisons utiles entre certaines fondations, quatre organismes gouvernementaux — les trois conseils subventionnaires et un nouveau ministère chargé d'appuyer le développement de l'infrastructure — et deux fondations provinciales oeuvrant dans le domaine de la recherche.
Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) et le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) sont des conseils subventionnaires qui ont des points communs avec Génome Canada, la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère (FCSCA), la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSS) et la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI). Il y a cependant deux grandes différences entre eux. D'abord, les conseils déboursent des montants beaucoup plus élevés chaque année que les fondations en question — 765 millions de dollars pour les IRSC et le CRSNG et 549 millions pour le CRSH en 2005‑2006. Ensuite, les subventions de recherche moyennes accordées par les conseils sont beaucoup moins élevées que la valeur des projets types appuyés par des fondations comme Génome Canada, la FCSCA et la FCI et leurs nombreuses années d'expérience leur ont permis de mettre au point des processus efficaces de demande de propositions, d'examen et de sélection de projets à financer. Au cours des six dernières années, les coûts de fonctionnement et d'administration des IRSC, du CRSNG et du CRSH ont représenté en moyenne entre 5 % et 6 % du total de leurs dépenses.
Infrastructure Canada est un autre point de comparaison possible. Ce ministère a été mis sur pied en 2002 pour s'occuper de la question de l'infrastructure dans les villes, les collectivités et les régions canadiennes, et ce, par le biais de travaux de recherche, de politiques et de programmes de financement et en partenariat avec d'autres ordres de gouvernement. Le soutien accordé aux projets d'infrastructure par Infrastructure Canada a des points communs avec ce que font le Fonds municipal vert, Technologies du développement durable Canada et la Fondation canadienne pour l'innovation. En même temps, Infrastructure Canada a un rôle plus large, en ce sens qu'il administre un ensemble de programmes de transfert touchant un éventail diversifié de projets, de petite et grande envergure.
Infrastructure Canada n'existe que depuis trois ans. Le pourcentage du total de ses dépenses représenté par ses coûts de fonctionnement et d'administration affiche des tendances semblables à celles que l'on observe pendant la période de démarrage des fondations; il est passé de 26 % en 2003‑2004 à 15 % en 2004‑2005. En 2005‑2006, avec l'augmentation des décaissements — qui sont passés de 199 millions de dollars en 2004‑2005 à 1 488 millions en 2005‑2006 — la part des coûts de fonctionnement et d'administration est tombée à 2,8 %. En 2004‑2005 et en 2005‑2006, 281 millions de dollars et 260 millions de dollars respectivement en crédits affectés à Infrastructure Canada au titre des contributions sont restés inutilisés. On peut supposer que cette situation est attribuable au moins en partie à la question du financement de projets à long terme complexes dans le cadre des limites imposées par le cycle d'affectation des crédits annuels.
Au niveau provincial, on trouve deux fondations — la Alberta Heritage Foundation for Medical Research et la Alberta Heritage Foundation for Science and Engineering Research — qui ressemblent à un certain nombre de petites et moyennes fondations financées par le gouvernement fédéral. La première a versé en moyenne par année 49 millions de dollars en subventions et bourses au cours des cinq dernières années et la deuxième a affiché des décaissements annuels moyens de presque 11 millions au cours des quatre dernières années. Leurs coûts de fonctionnement et d'administration représentaient 12 % et 14 % respectivement de leurs dépenses globales pendant les périodes en question.
Ces données comparatives, qui ne devraient être utilisées qu'à titre indicatif, laissent supposer que les fondations arrivent à obtenir un niveau de rendement administratif semblable à celui d'organismes gouvernementaux qui leur ressemblent un peu.
On peut aussi étudier la question de l'efficacité des fondations par rapport à leurs coûts en tentant de déterminer ce qu'il en coûterait pour mener les mêmes activités par le biais d'un programme ministériel. En pratique, les raisons mêmes pour lesquelles les fondations ont été créées en tant qu'entités indépendantes disposant d'un financement pluriannuel rendent difficiles les comparaisons directes des coûts. Ainsi, les programmes ministériels n'ont pas la marge de manœuvre dont disposent les fondations pour faire correspondre les versements aux principales étapes des projets, dont le moment de la réalisation est presque toujours difficile à prévoir à l'avance. Ils doivent plutôt administrer leurs subventions et contributions dans les limites imposées par le cycle d'affectation des crédits annuels.
Les représentants des fondations qui ont participé à nos entrevues se sont presque tous dits certains que les coûts de leur organisation sont inférieurs à ce qu'il en coûterait pour exécuter des projets et des activités semblables dans le cadre d'un programme ministériel. Les représentants des ministères se sont exprimés avec plus de circonspection et ont dans bien des cas souligné des domaines dans lesquels un programme ministériel devrait avoir des coûts moins élevés, tout en mentionnant que les économies réalisées dans un domaine sont susceptibles d'être annulées par des coûts plus élevés dans un autre ou par des processus administratifs lourds. Les principaux points qui se sont dégagés des commentaires des personnes interviewées, présentés ci‑après, montrent combien il est difficile de comparer les coûts de fonctionnement des fondations à ceux de programmes ministériels.
Il semblerait donc que, dans le pire des cas, les coûts de fonctionnement et d'administration des fondations soient peu susceptibles de différer de beaucoup des coûts totaux d'un programme ministériel équivalent et, dans le meilleur des cas, pourraient leur être de beaucoup inférieurs. Des recherches plus poussées pour comparer les structures et les niveaux des coûts seraient nécessaires pour pouvoir en arriver à une réponse plus définitive sur les coûts relatifs. Facteurs tout aussi importants ou plus importants même à notre avis dans l'efficacité des fondations par rapport à leurs coûts est le fait qu'elles peuvent être mises sur pied et commencer à fonctionner très rapidement, notamment conclure des ententes de fonctionnement avec des partenaires clés, tels que les autres ordres de gouvernement, et qu'elles permettent une gestion financière plus efficace grâce à un financement pluriannuel pour les projets.